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Les tourelles mobiles pour canon Fahrpanzer
François Hoff
Les tourelles mobiles pour canon Fahrpanzer
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Au moins trois versions semblent avoir été
développées par Gruson, dont une d’export.
L’armement aussi varie, par exemple pour ca-
non de 3,7 cm, 5,3 ou 5,7 cm. En Allemagne
est adopté un modèle pour canon de 5,3 cm
sur affût cuirassé (5 cm K.i. P.L.) Fahrbare
Panzerlafette, rapidement appelé Fahrpanzer
et qui est le plus connu des séries produites.
Le règlement de 1890 lui affecte comme prin-
cipale mission d’apporter un feu d’appui à
l’infanterie contre l’assaut, en tir frontal ou
de flanquement. En effet, en cas de tir plus
lointain, il serait alors repéré et vite détruit
et son petit calibre le prédispose contre
l’infanterie.
La version de cette petite tourelle en usage
au sein de l’armée allemande se compose
d’un cylindre en tôle de 4 mm d’épaisseur,
renforcé en sa partie supérieure par un an-
neau riveté, et d’une coupole tournante qui,
elle, a une épaisseur de 40 mm d’acier. La ro-
tation de la coupole est possible sur 360° et
se fait manuellement au moyen d’un volant
en 15 secondes. L’affût du canon est solide-
ment riveté à la coupole, ce qui supprime le
problème du recul. Le tube dépasse d’envi-
ron 70 cm. La pièce est servie par deux hom-
mes, un chef de pièce et un canonnier. Des
casiers à obus permettent le stockage des
munitions.
Monté sur quatre roues, le Fahrpanzer peut
être déplacé sur voie étroite de 60 ou chargé
sur une voiture à cheval. La grande parti-
cularité du Fahrpanzer est donc d’être un
cuirassement construit dans un principe de
mobilité et d’adaptabilité au terrain. Certains
théoriciens, comme le Suisse Meyer vont déjà
jusqu’à imaginer, à la fin du XX e siècle, une
défense linéaire basée sur l’emploi de ligne
fortifiée continue,
type tranchée, où
seraient installés ré-
gulièrement des Fahrpanzer.
À quelques modifications
techniques près, les autres ver-
sions existantes sont construi-
tes sur les mêmes principes.
De manière schématique, une
première version possédant
une excroissance du cylindre au
niveau des portes est produite.
Il semble qu’aucun exemplaire
de ce type ne soit en service
chez les belligérants durant le
conflit. Une seconde version
sans l’excroissance sera adop-
tée par l’armée allemande.
Enfin une troisième ver-
sion avec une coupole plus
large et mieux couvrante sera
exploitée comme version
d’export. D’autres versions
mineures ont pu encore être
développées.
l Schéma représentant un Fahrpanzer : sur cette version pour l’export (coupole
plus couvrante), on distingue nettement le pilier central sur lequel repose
la coupole d’acier de 4 cm d’épaisseur, les deux sièges pour les servants
ainsi qu’à gauche le volant permettant de faire tourner la tourelle. Enfin tout
autour de la base du cylindre, les casiers à munitions. Collection ADFM
o Le transport sur longue distance pouvait se faire via des voitures à cheval.
On notera que le chariot comporte, sur la plate-forme de transport, des rails
d’écartement de 60 sur lesquels reposent les roues du Fahrpanzer. Ainsi
l’installation dans les emplacements bétonnés des forteresses spécialement
prévus à cet effet est facilitée, les emplacements comportant aussi de la voie
de 60 pour faciliter le déplacement de la pièce. Collection ADFM
Les Fahrpanzer (tourelle transportable pour canon à tir rapide) connais-
sent en 1915 la célébrité en apparaissant aux yeux du grand public dans
les journaux illustrés à sensation de l’époque. Ces derniers en publient
en efet de nombreuses vues, car ils symbolisent les diiciles combats
que mènent alors les Alliés en Champagne. Toutefois cette petite tou-
relle transportable va connaître bien d’autres emplois durant la Grande
Guerre, certains particulièrement originaux.
k Les Roumains utilisent leur
contingent de Fahrpanzer
durant la campagne de
1916-1917 tels ces trois
exemplaires, installés dans
des positions défensives,
flanquant elles-mêmes un
important glacis recouvert
d’un réseau de barbelés.
Peut-être est-ce la ligne
Serreth ?
Collection Jaroslaw Chorzepa
Un cuirassement pour un
canon contre l’infanterie
Le développement des premiers cuiras-
sements pour les canons lourds des forts
s’accompagne bien vite de la recherche d’un
cuirassement pour un canon à tir rapide de
petit calibre, dans l’optique de protéger ces
forts contre un assaut d’infanterie.
À côté de tourelles à éclipse, Gruson déve-
loppe une tourelle transportable. Des tests
sont effectués sur quatre prototypes en
juillet 1888 et valident leur utilité pour la
défense rapprochée, particulièrement dans
le renforcement des positions des intervalles
des forteresses.
Les canons à tir rapide (c’est-à-dire semi-
automatique, la culasse expulsant automati-
quement la douille après le tir) apparaissent
au milieu des années 1880 et offrent des
cadences de tir nettement supérieures aux
canons classiques. C’est le cas des pièces pro-
duites par les usines Gruson à Magdeburg en
Allemagne, capable de tirer jusqu’à 25 coups
par minute.
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l’Est, en Prusse-Orientale ou dans la région
de Thorn. La première utilisation effective
au combat des Fahrpanzer l’est donc dans le
cadre des Panzerzug allemands, certes assez
loin des premières finalités imaginées lors
de leur conception mais dans la parfaite li-
gnée du principe de mobilité des Fahrpanzer.
D’ailleurs à partir de 1916, d’autres trains
blindés seront construits en utilisant des wa-
gons à Fahrpanzer.
Une autre illustration de l’atout de la mo-
bilité des Fahrpanzer est à chercher dans la
région de la Vistule. Après la défaite russe à
Tannenberg le 26-29 août 1914, les combats
se déplacent plus au sud notamment vers
Lotz. Hindenburg concentre ainsi la 8 e armée
allemande dans la région de Thorn avant de
la jeter vers Varsovie en novembre. Le ravi-
taillement de cette armée utilise la Vistule
car le terrain au-delà de Thorn est assez boi-
sé, sans bonne route ni ville importante. Les
Russes, restés maîtres de la rive droite de la
Vistule au-delà de la forteresse de Thorn, at-
taquent à plusieurs reprises avec leur cavale-
rie la route maritime de la Vistule, mitraillant
les bateaux de ravitaillement. Les Allemands
réagissent dans l’urgence en improvisant
des canonnières, en fait de simples barges
sur lesquelles sont installées des Fahrpanzer
prélevées dans les forteresses de Thorn ou
Graudenz. Ces canonnières escortent les
convois de ravitaillement, la puissance de
feu des canons à tir rapide contrebattant les
attaques de la cavalerie russe. Ces canonniè-
res seront en service jusqu’à la stabilisation
du front fin 1914.
adaptées aux tranchées (les Minenwerfer),
l’armée allemande est aux abois pour combler
les immenses besoins de l’artillerie de tran-
chée. C’est notamment le cas pour les armes
défensives contre l’assaut ennemi. Dans ce
contexte, la Fussartillerie va puiser dans les
armements de forteresse inutilisés, et y pré-
lever justement les Fahrpanzer disponibles.
En effet, à la différence des armes sous cui-
rassement classique dont le démontage et la
réinstallation auraient demandé des travaux
importants, le caractère originel de mobilité
des Fahrpanzer facilite leur transfert vers
le front, et notamment les fronts « chauds »
de France. En outre, le cuirassement des
Fahrpanzer offre une protection supplémen-
taire pour la défense des tranchées.
o L’intérieur d’un des
ateliers des usines Gruson
à Magdeburg montre
l’importante production
de Fahpanzer, notamment
des cylindres et des
coupoles avec au centre un
Fahrpanzer quasi achevé
disposé sur une voiture à
bras. Ce Fahrpanzer fait
partie du premier modèle
produit, qui comporte une
excroissance au niveau
des portes d’accès, et qui
ne semble pas avoir pris
part au conflit de 14-18.
Collection ADFM
Un large succès
commercial
à travers l’Europe
La majorité des Fahrpanzer allemands se
trouve, au début des hostilités, positionnée
dans les forteresses aux frontières. Mais
comme ces dernières ne sont pas directement
attaquées, ces petites tourelles n’ont pas
l’occasion d’entrer en action. Quelques-uns
vont néanmoins intervenir pendant les pre-
miers mois du conflit grâce à deux vecteurs
assez originaux : les trains blindés et les
canonnières.
k Les Fahrpanzer partent aussi
sur l’eau, notamment sur
les « KanonenBoote » de la
« flotte de la Vistule », en
réalité de simples barges
sur lesquelles sont installés
des Fahrpanzer prélevés
dans les forteresses de
Thorn ou Graudenz. Ces
Fahrpanzer servent alors
de navire d’escorte sur la
route maritime de la Vistule
fin 1914. Collection Jaroslaw
Chorzepa
Envoi des Fahrpanzer
dans les tranchées
Cette petite tourelle connaît un succès cer-
tain puisqu’en quelques années, de 1885 à
1893, plusieurs centaines d’unités des diffé-
rentes versions sont produites par Gruson 1 .
Environ 200 sont utilisées par l’armée alle-
mande dans des emplacements bétonnés
spécialement prévus à cet effet dans ses
forteresses aux frontières, à Metz, à la Feste
Kaiser Wilhelm II à Mutzig mais aussi à l’Est
dans les forteresses de Thorn et Graudenz,
sur la Vistule.
Un autre contingent important, environ
300 exemplaires de la version d’export avec
coupole plus couvrante, est acquis par la
Roumanie pour la construction de la ligne
Serreth (1889-1893), du nom d’un fleuve pro-
che de la frontière avec la Russie, voisin que
la Roumanie juge menaçant. Trois camps re-
tranchés ou tête de pont dont Focsani sont
organisés et comportent en particulier une li-
gne de défense articulée autour de Fahrpanzer
installés sur des parapets bétonnés. On peut
encore signaler des achats de Fahrpanzer par
la Suisse, le Danemark et la Bulgarie.
Cependant, supplantés au début du
XX e siècle par les mitrailleuses, ils sont rela-
tivement oubliés à la veille du conflit.
La bataille de la Marne (4 au 12 septembre
1914), puis les échecs des tentatives de dé-
bordement réciproques vers le nord-ouest
(la course à la mer, octobre – novembre 1914)
qui s’en suivent, entraînent la stabilisation
du front occidental de la Suisse à la mer du
Nord. Incapable d’emporter la décision, cha-
que adversaire s’enterre dans des tranchées.
Les nouvelles conditions des combats né-
cessitent des évolutions importantes, no-
tamment dans l’armement. En outre, du côté
allemand, au cours de la campagne de 1915,
Falkenhayn décide de donner la priorité à
l’Est, pour soulager l’allié austro-hongrois
face à la montée en puissance de l’armée rus-
se, et entend donc mener une campagne dé-
fensive à l’Ouest. Or, Joffre souhaite monter
des offensives pour obtenir la rupture tant
souhaitée. Pour les Allemands, tout concourt
donc à développer de solides positions défen-
sives sur le terrain conquis. D’importantes
actions de renforcement et d’optimisation
de leurs tranchées ont lieu. Parallèlement à
la construction d’abris bétonnés et à la mise
en place d’armes à tir courbe spécialement
o Des Fahrpanzer sont utilisées comme wagon d’artillerie dans certains des
premiers trains blindés allemands, notamment les Panzerzug I, II et V. Les
Fahrpanzer sont installés dans des wagons dont les parois latérales ont
été renforcées de plaques de métal, et seule dépasse la coupole, qui est la
partie la plus résistante. Kriegsarchiv Wien
Sur les trains blindés
et les canonnières
allemands
1. Une partie est même sous-traitée
par Skoda, entreprise de l’Empire
austro-hongrois
L’utilisation de trains blindés dans le plan
d’invasion avait été préconisée par Schlieffen
lui-même dès juillet 1904. À partir de 1910,
des commandes ont lieu pour la construc-
tion de plusieurs trains blindés. Composés
de wagons pour l’infanterie dont les parois
latérales sont renforcées avec des plaques de
blindage, plusieurs de ces trains, notamment
les Panzerzug I, II et V comportent en plus
des wagons spécialement aménagés pour
recevoir des Fahrpanzer. Les trains blindés
allemands interviennent dès le début des hos-
tilités sur le front de l’Ouest, au Luxembourg
et en Belgique (Ypres, Anvers), notamment
en appui de la progression, pour assurer
le ravitaillement des troupes, mais aussi à
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Comme la mitrailleuse, le Fahrpanzer pré-
sente les mêmes modalités d’emploi pour
être pleinement efficace. Grâce à sa tourelle
pivotante, il est capable de battre n’importe
quel front d’attaque mais avec le notable han-
dicap de ne pouvoir battre qu’une seule di-
rection à la fois. Ainsi un assaut d’infanterie
peut rapidement submerger une telle pièce.
Comme les mitrailleuses, une utilisation cou-
plée et en appui mutuel par tir de flanc plutôt
que seule en tir frontal permet d’utiliser au
mieux les capacités du tir rapide. En outre
sa portée de tir va certes jusqu’à 3 km mais,
utilisé dans une position type tranchée avec
comme objectif la destruction des vagues
d’assaut ennemies, l’emploi d’obus à bal-
les fait tomber sa portée effective à 400 m.
Ainsi pour assurer un appui important, c’est
en moyenne deux Fahrpanzer par kilomètre
de tranchée qui auraient été nécessaires.
Compte tenu du nombre disponible alors,
on se limite par conséquent à l’installation
parcimonieuse de tourelles souvent isolées
sur des points stratégiques. Bien entendu, les
précautions d’installation sont essentielles.
Seule la coupole, avec ses 4 cm d’épaisseur,
peut offrir une protection efficace contre
les tirs d’armes légères. Le cylindre, dont la
faiblesse avait déjà été notée lors des essais
de 1884, doit absolument être installé dans
une position protégée, bétonnée si possible.
Dans certains cas, des travaux de bétonnage
sont effectués préalablement à la mise en
place des tourelles, dans d’autres cas, c’est
un quasi-enfouissement du cylindre qui a
lieu. Enfin parfois, la tourelle est simplement
posée dans une tranchée. Ainsi les modalités
d’installation choisies font que, même si ces
tourelles sont théoriquement déplaçables sur
de courtes distances grâce à leurs roues sur
des voies de 60, la plupart est installée en
position statique.
Ainsi même si leur nombre reste faible, la
mise en place des Fahrpanzer dans les tran-
chés permet toutefois de renforcer une po-
sition et le moral des défenseurs allemands
de 1915. Les archives photographiques ou
les restes in situ permettent d’identifier avec
certitude des Fahrpanzer dans le Nord, au
Vieil-Armand ou en Champagne, les zones de
combat de 1915.
C’est d’ailleurs en Champagne qu’est ins-
tallé un Fahrpanzer qui va connaître une cer-
taine célébrité.
En effet, le relief des positions défensi-
ves, l’importance vitale de cette position
qui protège la voie ferrée stratégique reliant
l’armée du Kronprinz en Argonne et celle de
von Heeringen dans l’Aisne, et le fait que les
lieux ont déjà fait l’objet de furieux combats
en décembre 1914 entraînent la création de
formidables positions fortifiées sur les but-
tes du front du secteur de Perthes-lès-Hurlus
— Massiges avec l’installation d’un certain
nombre de Fahrpanzer. Par exemple, lors
de la deuxième bataille de Champagne, un
Fahrpanzer est en position dans le dispositif
de la butte fortifiée du Mesnil, devant le villa-
ge du Mesnil-les-Hurlus. Son plan de feu n’est
pas articulé avec celui d’un autre Fahrpanzer
mais avec plusieurs mitrailleuses. Un témoi-
gnage d’un soldat du 147 e RI 2 dont la division
est chargée d’enlever cette position autour
du 26 février 1915 fait état que, malgré une
préparation d’artillerie conséquente, la tou-
relle échappe à la destruction et prend à par-
tie les troupes françaises. Une fois la position
submergée, ce même soldat constate que les
servants, qui ont été tués lors de l’attaque,
semblent avoir été enfermés de l’extérieur.
De même, le fortin de Beauséjour sem-
ble avoir aussi été équipé de telles pièces.
D’ailleurs pour venir à bout de ces fortifica-
tions, l’armée française n’hésite pas à utili-
ser la mine pour détruire tranchées, hommes
et Fahrpanzer, la carcasse de ces derniers
semblant parfois même résister à ce type
d’explosion. Une autre stratégie d’attaque
développée consiste à forcer ces pièces à se
dévoiler puis à les détruire en tir direct avec
l’artillerie, le cylindre n’offrant pas une ré-
sistance suffisante.
La troisième bataille de Champagne, à par-
tir du 25 septembre 1915, met à nouveau en
scène les Fahrpanzer disséminés au sein du
système fortifié allemand du général von
Einem. Celui-ci comporte deux zones de dé-
fense, la première présentant de trois à cinq
lignes de retranchements séparées par des
réseaux barbelés ; la seconde, à 4 kilomètres
en arrière, moins puissante, mais établie se-
lon l’ingénieux procédé de la contre-pente,
et reliée à la première par des tranchées en
tous sens. Certaines organisations comme
la Main-de-Massiges et la butte du Mesnil,
constituent de véritables forteresses avec leur
artillerie cuirassée que sont les Fahrpanzer.
S’y ajoutent l’installation d’autres éléments
provenant des forteresses allemandes, com-
me les abris-observatoires de sentinelle.
Dans le secteur de la ferme de Navarin, la
route Souain Somme-Py est défendue par un
Fahrpanzer qui contribue à ralentir l’avance
française le 25 septembre. Mais il est ulté-
rieurement détruit par un tir de 75. D’autres
Fahrpanzer, installés sur les hauteurs forti-
fiées, semblent avoir été pris à revers par les
troupes d’assaut françaises qui ont laissé de
côté ces hauteurs avant d’atteindre les lignes
à contre-pente et d’attaquer par les galeries
de communication les garnisons isolées des
points d’appui. Bien que tournant à 360°,
les Fahrpanzer ne sont pas forcément ins-
tallés pour le tir en sens inverse, ce qui les
rend alors inutiles face à l’assaut venant de
l’arrière.
Une fois les combats terminés, le journa-
liste américain E. Alexander Powell a aussi
droit à la visite par des officiers français
d’une position fortifiée allemande submer-
gée où se trouve un Fahrpanzer dont les
servants auraient été enfermés de l’extérieur
par leurs officiers et abandonnés là pour
combattre jusqu’à la mort. Sans mettre en
doute la véracité de ces témoignages, on ne
peut s’empêcher de faire le rapprochement
entre ces servants enfermés et la légende
des mitrailleurs allemands enchaînés à leurs
mitrailleuses (en fait des bandes permettent
aux mitrailleurs de traîner plus facilement
leurs lourdes pièces).
Finalement, les mitrailleuses allemandes,
bien plus nombreuses et surtout la par-
faite adaptation des tranchées fortifiées au
o La propagande française entretient le mythe des Fahrpanzer en exposant au
musée de l’Armée un Fahrpanzer capturé en Champagne. Il restera là jusqu’en
1940, date à laquelle les Allemands le récupéreront. On notera les traces
d’impact visibles sur la coupole – Fonds Jean-Marc Paulin
o Différentes modalités d’installation ont lieu dans les tranchés de l’Ouest : une
des possibilités est d’enterrer complètement le Fahrpanzer et notamment sa
partie la plus vulnérable, le cylindre. Seule émerge alors la tourelle comme le
montre cette vue prise à la fin du XIX e siècle dans les usines Gruson.
Collection ADFM
terrain difficile, causent plus de dégâts que
les Fahrpanzer. Toutefois, ces derniers, insen-
sibles aux tirs de fusils ou de grenades, sont
plus difficiles à réduire par la seule infante-
rie et apportent un soutien local d’artillerie.
Ainsi pour ceux qui échappent au bombarde-
ment préparatoire français, et bien soutenus
par des mitrailleuses, ils peuvent efficace-
ment concourir à créer de petits fortins face
aux vagues d’infanterie. De plus, la forme
originale de ces petites tourelles en fait des
objets de curiosité indéniable, jusque dans
les journaux « grand public » de l’époque, tel
Le Miroir ou le Times History of the War. Pour
un peu, ils deviendraient presque le symbole
de la victoire de Champagne, apparaissant
régulièrement à « la une » et meublant agréa-
blement les gravures de propagande.
En outre, dans les positions allemandes
capturées, au moins un Fahrpanzer intact
est transporté vers l’arrière pour être expé-
dié comme trophée de guerre et se retrouve
exposé à Paris, puis au musée de l’Armée,
jusqu’en 1940, date à laquelle ses précédents
propriétaires le récupèrent.
k Des soldats allemands,
dont certains en sont peut-
être les servants, posent
aux côtés d’un Fahrpanzer.
Le soldat entre-assis à
l’intérieur permet de juger
de l’exiguïté des locaux.
Collection Philippe Burtscher
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1916 : les Fahrpanzer
roumains entrent en action
cols et même de faire sa jonction au col de
Torzburg avec des éléments venus du sud. Sur
ce col, un Fahrpanzer roumain est capturé.
Enfin, une grande partie de ceux versés dans
l’artillerie de campagne en retraite, est saisie
lors de l’abandon de Bucarest. Par ailleurs,
la rapide avancée des troupes germaniques
dans la plaine du Danube permet à nouveau
de faire entrer en action des trains blindés
allemands, dont les Panzerzug I et II équipés
de Fahrpanzer mais allemands cette fois-ci.
Bucarest est occupé le 6 décembre et les trou-
pes roumaines en retraite n’arrivent à stabili-
ser le front que début janvier 1917 derrière le
Danube et son affluent le Serreth, c’est-à-dire
tout prêt de la fameuse ligne Serreth.
Durant 1917, malgré les offensives austro-
bulgaro-allemandes d’août notamment, la
ligne du Serreth ne sera pas franchie. Dans
ce cadre notamment, la deuxième brigade
de montagne KuK prend possession d’un
Fahrpanzer et semble l’avoir utiliser dans ses
propres travaux de fortifications. Lors de l’of-
fensive fin juillet-début août contre le grou-
pe d’armées de l’archiduc Joseph à Focasni,
l’une des trois têtes de pont fortifiées de la
ligne Serreth, les Roumains utilisent à nou-
veau leurs Fahrpanzer, dans le cadre d’une
batterie à pied équipée de ces pièces. Mais
l’écroulement de l’allié russe entraîne la si-
gnature du traité de Bucarest et la capture
d’un certain nombre de Fahrpanzer, notam-
ment par les Bulgares.
L’auteur tient à remercier Jaroslaw Chorzepa
(Pologne) et A. Langley (Belgique) pour l’aide
précieuse qu’ils lui ont apportée.
o Un Fahrpanzer, capturé intact, est transporté vers l’arrière par les troupes
françaises pour constituer l’un des trophées de la victoire de Champagne.
Collection A. Langlet
Jusqu’à l’été 1916, le deuxième plus gros
contingent
de
Fahrpanzer,
celui
de
la
Roumanie, reste inactif.
Le 28 août, suite à la déclaration de guerre de
la Roumanie à l’Autriche-Hongrie, les troupes
roumaines pénètrent en Transylvanie et par-
viennent, brièvement, à prendre une partie du
territoire austro-hongrois. Dans le but de ren-
forcer l’artillerie de campagne, les canons de
forteresse sont prélevés dans la ligne Serreth
et attribués à des unités d’artillerie nouvel-
lement formées. Mais, les Bulgaro-Austro-
Allemands attaquent dès début septembre au
sud. En outre, à partir du 15 septembre, avec
l’envoi sur le front de troupes allemandes
entraînées et bien armées ainsi que la mul-
tiplicité des fronts, l’armée roumaine doit se
retirer sur les crêtes frontières des Alpes de
Transylvanie. L’armée roumaine tente alors
de s’opposer à l’invasion du sol national par
le nord en fortifiant les cols qui constituent
les points de passage obligés. Elle puise alors
dans son stock de Fahrpanzer, et y en ins-
talle quelques-unes avec pour mission de
battre les routes d’accès (col de Torzburg, de
la Tour Rouge). Mais la double attaque aus-
tro-bulgaro-allemande au nord (Falkenhayn
contre les cols) et au sud (Mackensen depuis
la vallée du Danube) en octobre-novembre
permet à Falkenhayn de percer par certains
1917-18 : les Fahrpanzer
en Macédoine
Dorna Vatra
Jassy
0
50 km
100 km
La conquête de la Roumanie
k L’officier Kálmán Shvoy, officier d’artillerie hongrois servant dans l’état-
major de la 2 e brigade de montagne de l’armée de la Double Monarchie,
a pris cette photo lors de travaux de fortification effectués en face de la
tête de pont de Forcsani en Roumanie au printemps 1917. Fahrpanzer
roumain capturé ou matériel déclassé fourni par l’allié allemand ? Le type
du Fahrpanzer, à coupole étroite, fait pencher pour la seconde hypothèse.
Collection Université Szeged, Hongrie
Retraite roumaine
Attaques allemandes
Les Bulgares, qui possèdent déjà des canons à
tir rapide allemands, utilisent un certain nom-
bre de Fahrpanzer sur le front de Macédoine.
Une partie de ces derniers sera capturée et
plusieurs seront expédiés comme trophée à
Athènes où deux d’entre eux ornent toujours
l’entrée du musée militaire d’Athènes.
Enfin sur le front occidental, malgré leur
extinction progressive suite aux pertes consé-
quentes qu’ils subissent, des Fahrpanzer sont
toujours en place. C’est le cas dans le secteur
d’Arras lors de l’offensive britannique du
9 avril 1917. Le 13/King’s Liverpool Regiment
se fait photographier dans Tilloy au côté d’un
Fahrpanzer capturé intact. Enfin, ces petites
tourelles retiennent aussi la curiosité des
troupes américaines.
Ainsi la présence aujourd’hui de Fahrpanzer
dans de nombreux musées européens
(Bruxelles, Athènes, Varsovie, Fort de Mutzig
à Strasbourg, Suisse, Bulgarie, Danemark…)
se comprend bien mieux lorsqu’on se rap-
pelle que le Fahrpanzer, succès commercial
d’avant-guerre, était certainement l’un des
armements de forteresse les plus adaptables
aux différentes conditions du conflit grâce à
sa mobilité. En outre sa forme de « trophée »
explique la conservation d’un nombre consé-
quent d’exemplaires à ce jour.
Russie
Moldavie
Odessa
Szekely
o La propagande allemande n’est pas en reste pour exploiter elle aussi les
Fahrpanzer, témoin cette carte postale représentant un Fahrpanzer dans
une tranchée, qui a été envoyée le 13 août 1915 par un blessé allemand
depuis un « Festunglazarett » de Metz. Collection ADFM
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