03 - Semiologie Dermatogique.pdf

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Comprendre la peau
Sémiologie dermatologique
Ann Dermatol Venereol
2005;132:8S69-88
Introduction
accessible à l’examen clinique et à des explorations
para-cliniques simples (biopsie, prélèvements micro-
biologiques ou cytologiques, imagerie). L’observation du
revêtement cutané, des muqueuses externes et des phanères
doit faire partie de tout examen clinique.
Les maladies dermatologiques sont nombreuses et souvent
très répandues. Elles peuvent être le témoin et parfois le
mode de révélation d’affections générales. L’analyse sémio-
logique des signes cutanés, parfois complétée par une biopsie,
peut épargner au malade d’autres explorations coûteuses ou
inconfortables.
La sémiologie dermatologique a pour but de décrire des
lésions élémentaires. Elles sont multiples et leur connais-
sance est indispensable pour le diagnostic des dermatoses.
Les lésions élémentaires peuvent être :
primitives , traduisant le processus lésionnel initial,
secondaires , représentant l’évolution de ce processus.
Une dermatose peut être constituée d’un seul type de
lésion élémentaire ou de l’association de plusieurs d’entre
elles.
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L a peau est un organe différent des autres, car il est
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Sémiologie dermatologique
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Principes de l’examen dermatologique
de l’interrogatoire, de l’examen physique et des exa-
mens complémentaires. En théorie, on peut opposer deux
démarches cliniques différentes :
– la démarche analogique (ou “impulsive”), rapide, qui fait
le diagnostic dès l’inspection. Au premier coup d’œil, on
reconnaît une maladie cutanée particulière sur un aspect
clinique caractéristique. Cette approche clinique présente
des dangers : elle nécessite d’avoir déjà vu la lésion pour la
reconnaître, et surtout elle comporte le risque d’erreur par
défaut, lié à une insuffisance d’examen clinique ;
– la méthode analytique (ou “raisonnée”) est plus lente et
évidemment moins brillante. Elle correspond à une
démarche médicale classique : le recueil de données (l’analy-
se) précède le diagnostic (la synthèse). C’est cette méthode
qui sera décrite ici.
même processus lésionnel initial, l’association de diffé-
rentes lésions élémentaires se faisant parfois de façon préfé-
rentielle (voir dernier paragraphe). L’analyse clinique d’une
éruption doit aboutir à une sélection entre la (ou les) lésions
élémentaire(s) et les lésions élémentaires secondaires. Ces
dernières représentent l’évolution naturelle ou compliquée
d’une lésion élémentaire, sont souvent plus nombreuses et
sont sans spécificité.
L’ INSPECTION
Le médecin doit s’imposer des conditions d’examen rigou-
reuses : le diagnostic d’inspection rapide n’a aucune fiabilité.
Le patient, détendu, doit être examiné dans un endroit
correctement éclairé, de préférence en lumière du jour.
L’ensemble du revêtement cutané est examiné, sans omettre
les plis et les régions palmo-plantaires, ainsi que les cheveux,
les ongles et les muqueuses externes (buccale, conjonctivale,
nasale, ano-génitales).
Certains accessoires sont utiles pour un examen de qualité :
une loupe, une lampe (frontale ou de type Maglite ® ) ou un
abaisse-langue. L’examen à la lumière de Wood (lumière
ultraviolette d’une longueur d’ondes d’environ 360 nm) est
utile pour l’analyse des lésions dyschromiques (voir :
macules pigmentées et dépigmentées) et dans certaines
dermatoses infectieuses (exemple : teignes). Il se réalise à
l’abri de la lumière, dans une pièce noire.
Interrogatoire
Il doit s’attacher à préciser :
– l’histoire récente et les modalités évolutives de la
dermatose : le mode de début (brutal ou progressif ; localisé
ou d’emblée étendu), l’aspect initial (celui-ci est en général
imprécis : ne pas attendre du malade une description sémio-
logique fine et encore moins un diagnostic), le mode
d’extension local (centrifuge, curviligne, en plaques...), le
mode évolutif (aigu, chronique, par poussées), les traitements
utilisés (locaux, systémiques) ;
– les signes fonctionnels associés à la dermatose : prurit
(localisé ou généralisé), douleurs ;
– les prises médicamenteuses du patient et leur chronolo-
gie par rapport à l’apparition de la dermatose (en cas de
suspicion de toxidermie, de dermatoses auto-immunes...) ;
– les facteurs environnementaux : habitat, profession,
loisirs, habitudes vestimentaires, exposition solaire ;
– les antécédents personnels et familiaux : dermatolo-
giques, atopie, cancer.
L A PALPATION
Elle se fait à main nue, ou protégée par un gant d’examen
(en cas de lésion ouverte, ulcérée, infectieuse ou surinfec-
tée). Elle permet d’apprécier le relief superficiel d’une lésion
(exemple : papule) ou son infiltration (exemple : nodule).
L A VITROPRESSION
Pratiquée avec un verre de montre ou une lame de verre, elle
permet de collaber les capillaires de la peau. Elle permet de
différencier une simple macule érythémateuse, due à une
simple congestion vasculaire (qui disparaît à la vitropres-
sion), d’un purpura (qui persiste à la vitropression).
Examen dermatologique
Le but de l’examen dermatologique est de définir la lésion
élémentaire, caractéristique de la dermatose, qui correspond
aux lésions les plus précoces, idéalement non modifiées par
les différents traitements locaux, le grattage ou la surinfec-
tion locale. En cas de lésions polymorphes, il peut exister
plusieurs lésions élémentaires associées correspondant au
L E CURETAGE
Le grattage doux à l’aide d’une curette, d’un vaccinostyle,
voire d’une spatule en bois, permet d’analyser l’épaisseur et
l’adhérence des lésions squameuses. Le curetage permet
aussi de détacher les croûtes (recherche d’une lésion
élémentaire sous-jacente).
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L e diagnostic en dermatologie est établi sur les données
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L A FRICTION
des arguments d’orientation utiles pour de nombreuses
maladies cutanées.
Enfin, l’examen dermatologique doit préciser s’il existe un
éventuel regroupement par la coalescence de lésions élé-
mentaires de même nature. Celles-ci peuvent en effet
s’agencer selon différents modes :
– en placard : nappe de plusieurs cm ou dizaine de cm (fig. 3) ,
– linéaire : selon une ligne droite ou brisée (aspect serpi-
gineux) (fig. 4) ,
– annulaire : anneau complet (fig. 5) ,
– arciforme : anneau incomplet (fig. 6) ,
– polycyclique : plusieurs cercles confluents ou concen-
triques (fig. 7) ,
– en cocarde : aspect de cible (fig. 8) .
Réalisée à l’aide d’une pointe mousse, elle permet de mettre
en évidence :
– un dermographisme (papule œdémateuse provoquée
par la friction d’une peau saine : correspond à une urticaire
physique) (fig. 1) ,
– un signe de Darier (papule œdémateuse provoquée par
la friction d’une macule pigmentée : spécifique d’une
mastocytose cutanée) (fig. 2) ,
– un signe de Nikolski (décollement bulleux provoqué par
la friction douce d’une peau saine : dans le syndrome de
Lyell, le pemphigus ou les épidermolyses bulleuses).
L’examen dermatologique doit aussi décrire la topogra-
phie, la distribution et l’étendue de la dermatose.
Le siège d’apparition peut être évocateur : par exemple, les
zones découvertes évoquent un déclenchement par le soleil
au cours des photodermatoses.
Certaines dermatoses (comme le psoriasis) ont tendance à
se produire sur des zones de peau traumatisée, le long d’une
strie ou grattage ou bien d’une cicatrice chirurgicale. Ce
phénomène est appelé phénomène de Koebner.
Selon l’étendue, généralisée ou localisée, des groupes de
diagnostics peuvent être préférentiellement évoqués.
Le siège des lésions, leur caractère symétrique, leur topo-
graphie élective (zones déclives, plis de flexion) sont aussi
Examen clinique général
Chez un patient porteur d’une dermatose, un examen cutané
soigneux est indispensable, mais rarement suffisant. Un
examen général doit être réalisé comme chez tout patient. Il
doit cependant être orienté préférentiellement en fonction
de la dermatose en cause (recherche en priorité d’adénopa-
thies superficielles en cas de mélanome par exemple).
Inversement, l’examen dermatologique tel que défini ci-dessus,
doit faire partie intégrante de l’examen clinique de tout patient.
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2b
Fig. 1. Dermographisme
Figs. 2a et 2b. Signe de Darier : avant friction (2a) et après friction (2b) (mastocytose
cutanée)
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Fig. 3. Groupement de lésions en placards érythémato-papuleux (érysipèle)
Fig. 4. Groupement de lésions linéaires (radiodermite de superposition)
Fig. 5. Groupement de lésions annulaires (dermatophytose)
Fig. 6. Groupement de lésions arciformes (maladie de Jessner-Kanoff )
Fig. 7. Groupement de lésions polycycliques (dermatophytose)
Fig. 8. Groupement de lésions en cocarde (érythème polymorphe)
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