02 - Fonctions De La Peau.pdf

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Comprendre la peau
Les grandes fonctions de la peau
Ann Dermatol Venereol
2005;132:8S49-68
Introduction
L es fonctions de la peau sont multiples, indispensables à
– Rôle de perception :
Les terminaisons nerveuses ressentent chaleur, froid, tact,
douleur et prurit. Ces perceptions ont un intérêt de défense
et d’adaptation au milieu environnant (mobilisation,
échanges thermiques).
– Rôle de défense avec protection contre les entrées ou les
sorties d’eau, la pénétration de substances chimiques ou
d’agents infectieux, la photoprojection.
– Rôle de renouvellement (épiderme, cycle pilaire), de syn-
thèse de la vitamine D, d’élimination et d’échanges (ther-
morégulation).
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la vie et complexes :
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Comprendre la peau
Les grandes fonctions de la peau
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Barrière cutanée - Absorption percutanée
Barrière cutanée (fig. 1)
Cette barrière réalisée par la couche cornée n’est pas
absolue ; en effet, il existe une perte transépidermique d’eau
ou perte insensible en eau minime, mais qui peut augmenter
dans certaines situations pathologiques. Ainsi, les pertes
insensibles en eau sont multipliées par 10 environ chez les
prématurés. Au cours de la dermatite atopique, un déficit en
céramides pourrait expliquer les modifications de l’hydratation
cutanée avec une augmentation des pertes transépidermiques.
Si la fonction majeure de la couche cornée est le contrôle
des flux hydriques, elle contrôle de ce fait en grande partie
l’absorption percutanée.
L’épiderme est un épithélium de revêtement. Sa fonction
particulière est de constituer une barrière protégeant effica-
cement le milieu interne de l’environnement et, en tout
premier lieu, de la dessication. En effet, l’eau est un consti-
tuant majoritaire de notre organisme et représente 60 à 65
p. 100 du poids corporel de l’adulte. Dans la peau, l’eau (6 à
8 litres environ) est majoritairement répartie dans le derme
où elle forme un gel semi-fluide avec différentes protéines
de structures ; l’épiderme ne renferme plus que 120 ml
d’eau et la couche cornée en surface à peine 20 ml. C’est
principalement grâce à cette hydrophobicité que la couche
cornée joue un rôle de barrière à la diffusion de l’eau et
permet d’éviter la dessication de l’individu. La couche
cornée, étape ultime de la différentiation des kératinocytes,
est schématiquement constituée de piles de cellules
anucléees, aplaties, les cornéocytes soudés dans les couches
profondes par des jonctions serrées et par un ciment extra-
cellulaire dans lequel les lipides ont un rôle capital (céramides++,
acides gras libres, triglycérides, cholestérol).
Absorption percutanée
P HARMACOCINÉTIQUE TRANSCUTANÉE
Lorsqu’une substance est déposée sur la peau, elle peut :
– traverser la couche cornée,
– diffuser à travers l’épiderme, le derme, l’hypoderme,
– être résorbée dans les capillaires dermiques.
LIPIDES
Diffusion passive
Dans l’étude de la diffusion d’un médicament, on montre
que la quantité qui traverse la peau :
– croît linéairement au cours du temps,
– est proportionnelle à la surface d’application, à la concen-
tration du principe actif dans son véhicule (
CORNÉO-
DESMOSOME
CORNÉOCYTE
ENVELOPPE
CORNÉE
KÉRATOHYLINE
DESMOSOME
CORPS
LAMELLAIRES
C) et au coeffi-
cient de perméabilité (Kp) lié aux caractéristiques physico-
chimiques du principe actif (lipophilie ou hydrophilie relative,
polarité, volume moléculaire).
D’où la loi de diffusion passive de Fick où la quantité J qui
diffuse par unité de surface et de temps (flux percutané) est
égale à Kp x
SC
SG
C. Ceci n’est vrai que lorsque la quantité
appliquée sur la peau est importante. En thérapeutique
dermatologique, la quantité déposée peut être épuisée : le
flux percutané diminue alors et les applications doivent être
répétées.
SS
SC : stratum cornéum ; SG : stratum granulosum ; SS : stratum spinosum
Fig. 1. Schéma de la partie supérieure de l’épiderme : formation de la couche cornée
Lorsque le kératinocyte atteint le stratum spinosum , il entame une processus de diffé-
rentiation irréversible aboutissant à l’apoptose. À la fin de ce processus (stratum
granulosum) , certains organites disparaissent tel le noyau, tandis que se forment des
précurseurs de la couche cornée comme les corps lamellaires et la kératohyaline.
Les corps lamellaires déversent dans l’espace intercellulaire un ciment composé de
couches lipidiques disposées parrallèlement aux membranes cellulaires.
Ceci aboutit à la formation de cornéocytes étroitement soudés par un ciment extra-
cellulaire et par des attaches de natures protéiques appelées cornéodesmosomes
(desmosomes ayant subi des transformations).
La couche cornée, malgré sa faible épaisseur, assure la fonction
barrière de la peau
Les lipides épidermiques (céramides, acides gras libres,
cholestérol) et l’architecture du stratum corneum ont un rôle
majeur dans la résistance à l’absorption percutanée. En
effet, la plupart des molécules traversent la couche cornée en
empruntant la voie intercellulaire (longueur parcourue
880
µ
m, soit 40 à 80 fois l’épaisseur de la couche cornée !).
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Barrière cutanée - Absorption percutanée
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Il existe 2 autres voies de passage :
– transcellulaire,
– transannexielle (en particulier pour les molécules
ionisées).
Le rôle du véhicule (ou excipient) est essentiel. L’aptitude
d’une molécule à traverser la couche cornée dépend de
l’affinité de la molécule pour la couche cornée, mais aussi pour
son véhicule (= coefficient de partage véhicule/couche cornée).
Un autre paramètre à prendre en compte est la saturation
du principe actif dans le véhicule. En effet, la diffusion est
d’autant plus forte que la concentration est voisine de la
saturation (donc efficacité thérapeutique différente d’un
principe actif selon son véhicule).
Pour les molécules ionisables, les modifications du pH de
la solution conditionnent la diffusion percutanée : la forme
non dissociée, non ionisée, est en règle plus diffusible.
Le site d’application
– Région rétro-auriculaire : 2 fois plus perméable, d’où
applications, fréquentes à ce niveau, de système transdermique.
– Différences selon les régions expliquées par la variation
de la composition du stratum corneum (lipides, hydratation)
et par la densité des annexes pilo-sébacées.
Le rythme et la durée d’application
– La couche cornée agit comme un réservoir en principe
actif, relarguant pendant des heures la substance appliquée
en surface (= effet réservoir) et ne nécessitant donc pas des
applications itératives dans la journée.
L’altération de la peau
– En peau lésée, l’absorption est augmentée.
Les moyens d’augmenter l’absorption, parfois recherchés en
thérapeutique actuelle ou envisagés pour le futur, sont :
– L’occlusion : elle augmente l’hydratation, la température
du stratum corneum , le débit sanguin cutané et l’effet réser-
voir. Réalisée physiologiquement dans les plis, elle peut être
obtenue à des degrés divers par des pansements, des corps
gras.
– Les promoteurs chimiques (solvants, kératolytiques, sur-
factants) qui modifient les lipides du stratum corneum .
– Les promoteurs physiques à l’étude pour favoriser
l’absorption de certaines molécules de haut poids moléculaire
comme les polypeptides.
– Le courant électrique : ionophorèse : migration d’une
molécule ionisée dans un champ électrique. Electro-
poration : création d’électropores dans le stratum corneum
par l’application d’un courant.
– Les ultrasons : phonophorèse.
L’ ABSORPTION PERCUTANÉE EST INFLUENCÉE PAR
L’âge
– La couche cornée est immature chez le grand prématuré
(< à 31 semaines) avec diffusion percutanée x 100 à 1 000 fois
par rapport au nouveau-né à terme. Puis normalisation en
15 jours.
– Chez le nourrisson et l’enfant : la barrière cutanée est
normale, mais le risque est maintenu en raison du rapport
surface/poids, trois fois plus élevé que chez l’adulte.
– Chez le sujet de plus de 60 ans, la sénescence cutanée
avec diminution de l’hydratation peut être responsable
d’une diminution modérée de l’absorption percutanée
des molécules hydrophiles (pas de changement pour les
molécules lipophiles).
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Flore cutanée
Description générale de la flore cutanée
– Des phénomènes d’interférences microbiennes, les bacté-
ries résidentes inhibant la colonisation par d’autres germes.
– Le processus d’adhésion des bactéries sur les cellules
épidermiques joue un rôle important pour la colonisation
bactérienne ; les mécanismes en sont mal connus, faisant
intervenir la surface bactérienne et la synthèse d’adhésines
bactériennes, mais également la présence de récepteurs par
les cellules épidermiques, ce qui peut expliquer certaines
susceptibilités individuelles.
– La synthèse par les kératinocytes de l’épiderme de
peptides anti-microbiens tels que les défensines.
– Des anticorps présents dans la sueur pourraient jouer
un rôle dans l’immunité de surface.
Si le nouveau-né est stérile après élimination par un premier
bain des germes rencontrés dans la sphère génitale à la
naissance, de nombreux germes de l’environnement, une
flore vont ensuite coloniser la peau.
On distingue :
– une flore microbienne résidant de façon stable sur la
peau, le plus souvent au niveau de la couche cornée ou au
niveau du follicule pileux. Elle n’est pas pathogène en condi-
tions physiologiques. Il s’agit principalement :
de bactéries : organismes corynébactériformes compor-
tant des corynébactéries et des bactéries du genre
Brevibacterium, des propionibactéries, des staphylocoques
coagulase négatif, notamment epidermidis et de micro-
coques. Les seules bactéries Gram négatif résidentes de la
peau font partie du genre Acinetobacter ,
de levures lipophiles du genre Malassezia ,
de parasites de la famille des acariens tels les Demodex ,
et probablement certains virus (notamment de la famille
des papillomavirus), bien que ce domaine soit moins bien
exploré,
– des organismes transitaires, pouvant contaminer
temporairement la peau ou s’installer plus durablement
dans des topographies (gites) propices par les conditions
d’humidité, de pH (périnée, recessus narinaires, conduits
auditifs externes) ou en cas d’effraction de la barrière
épidermique. Il s’agit en particulier :
de bactéries de la famille des Staphylocoques aureus ,
Streptocoques, Bacillus, Neisseiria et de bacilles Gram négatifs
tels que Pseudomonas .
De levures telles que des Candida ( albicans et parapsi-
lopsis notamment).
Particularités selon l’âge, la topographie
Ces conditions varient selon :
– La topographie : ainsi, des régions humides et chaudes
comme les plis axillaires, la région périnéale sont davantage
colonisées par la flore bactérienne habituelle et parfois par
des bacilles Gram négatifs, par rapport à la peau revêtant les
extrémités. Il en va de même pour la peau plus grasse, riche
en sébum du front, de la région médiofaciale et thoracique
antérieure davantage colonisée par les levures lipophiles du
genre Malassezia .
On peut noter par ailleurs la colonisation préférentielle du
follicule pileux par Propionibacterium acnes . Notons également
que les Candida , hôte habituel des muqueuses, peuvent
occasionnellement être retrouvés à proximité de la région
buccale ou génitale ou, du fait de contacts plus fréquents
avec ces zones orificielles, au niveau des doigts.
– L’âge : ainsi, le nouveau-né est stérile. Après la puberté,
on voit une augmentation de l’activité des glandes sébacées
et une plus forte colonisation par Propionibacterium acnes ,
certains lipides du sébum ayant une action stimulante sur
Propionibacterium acnes ; au contraire, la peau des patients
âgés est plus sèche du fait d’une réduction de l’activité des
glandes sudorales et sébacées.
– Quelques exemples de situations pathologiques :
on observe une colonisation fréquente par Pseudomonas
aeruginosa du conduit auditif externe chez certains nageurs
avec un risque d’otite externe,
le lavage trop fréquent des mains peut induire une
dermatose de contact ou du moins des altérations de la
barrière lipidique favorisant la colonisation par Staphylo-
coque aureus et diverses bactéries Gram négatifs.
Contrôle de la flore cutanée
La flore microbienne varie de manière qualitative et quanti-
tative selon :
– L’humidité, le pH, la température. Ainsi, l’humidité
accroît le nombre de bactéries résidentes et favorise la colo-
nisation par de bactéries Gram négatifs.
– Les lipides présents à la surface cutanée inhibent la pro-
lifération de certains germes tels les Staphylocoques aureus et
les Candida , mais favorisent la prolifération de Propioni-
bacterium acnes .
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